Du traitement des elfes

 
 
Cela fait maintenant une moitié d'éternité que le Salon de thé est livré à la débauche et à l'inactivité paresseuses. L'endroit est misérable, foutrement vide. Lorsqu'on interroge les réguliers, on en tire de vagues grognements d'ivrognes.

Si on en croit la Gazette et ses élucubrations, le Salon de thé est en fait un bar de mauvaise réputation, dont les femmes sont écartées par tradition et où on ne boit que des alcools forts, de contrebande s'il vous plait. Bref, rien de bien extraordinaire dans le monde des Serdaigle déçus de leurs examens et de leurs vies minables à l'odeur de parchemins secs.

Cependant, le Chicaneur est en mesure de vous apporter la preuve de l'erreur dans laquelle la Gazette se roule et se vautre avec tant de plaisirs. La plupart des chroniqueureuses correspond en effet tout à fait au portrait médical d'alcoolique chronique (tiens, c'est rigolo ça). A ce titre, iels fréquentent régulièrement l'établissement, qu'iels décrivent toustes avec des mots plus colorés et joyeux les uns que les autres.

L'endroit est agréable, chaleureux, et on ne les jette pas dehors malgré leurs mauvais jeux de mots. Cet exploit tient de la sainteté, même profane.

Mais alors, pourquoi n'y-a-t-il pas de candidat-es pour le poste d'elfe auprès du Salon de Thé ? Cette question, très certainement très importante, je l'écarte d'un geste très présomptueux et vaguement désagréable parce que je m'en fout, en fait. On va plutôt se demander comment faire pour pousser des gens à se porter candidats alors qu'iels n'en ont pas du tout envie.

Oui, j'aurais pu faire un guide de même nature pour le Chicaneur qui recrute, non je ne l'ai pas fait, oui c'est parfaitement arbitraire, portez donc plainte va.

Tout d'abord, ne pas hésitez à faire connaître la situation que l'on rencontre. En l'espèce "roh nom de nom je n'ai pas d'elfe à mon service, rolala qui va laver mes chaussettes" (PROLÉTAIRES DE TOUS PAYS, QUI LAVE VOS CHAUSSETTES ?)(herm)(pardon)(on reprend). Plaignez-vous beaucoup autour de vous, genre au point que plus personne dans un rayon de 50 kilomètres n'ignore que vous n'avez plus de personnel (et que vous êtes un peu pénible sur les bords).

Ensuite, bah vous avez tellement abruti le monde que tous ces petites gens vont se rendre au Salon de Thé, afin de boire pour oublier (vous oublier vous spécialement d'ailleurs). Y a même des chroniqueurs, genre moi, qui vont être attirés par l'odeur du sang et de l'échec et se présenter sur les lieux, avec sur le visage une expression bien sérieuse. Le genre d'expression qui dit, "Gean-Mi, je vais écrire un article" mais en fait je suis juste un vulgaire bois sans-soif (et un bois-sans-soif bien vulgaire). Le manque de personnel deviendra évident à tout le monde, et bim ! bam ! badababamboumboum, tada, quelqu'un va forcément se porter candidat.

Sinon, vous pouvez aussi casser les jambes d'autrui. Au hasard, hein, bien sûr.

 

Article écrit par Lume,
illustré par Erin